TEMOIGNAGES
Témoignage de Nathalie du 17.03.2022
Aujourd’hui j’ai 39 ans et la chance d’avoir deux garçons de 6 et 11 ans. Avant eux et entre eux se sont glissés quelques petites étoiles et bébés anges comme j’aime les appeler.
Je souhaite dans ce témoignage m’adresser directement à ces lumières qui sont passées furtivement dans ma vie.
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Ma première petite étoile qui s’est envolée le 17.05.1999 : je n’ai que 16 ans et j’apprends que je suis enceinte de toi. Je décide d’interrompre cette grossesse. Pour moi il n’y a aucun doute là-dessus. Cependant, je me promets de jamais répéter cette situation. J’espère que tu me pardonneras. Chaque 17 mai je pense à toi et je te vois grandir à mes côtés. Je sais que tu es un garçon et que tu serais aujourd’hui un beau jeune homme de 23 ans… mais ça il n’y a que moi qui le sais…
En 2010, le jour de mon anniversaire, je mets au monde un magnifique petit garçon. Un cadeau de la vie !
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Bébé ange Mai Lan née le 01.11.2012 (180 grammes et 20 cm) : il y a environ 9 ans et demi quand ton frère avait 2 ans et demi nous avons souhaité agrandir la famille. Les choses ne se sont pas passées comme dans un conte de fée et nous avons appris que tu souffrais d’une maladie génétique très rare et létale. Dans cette situation il n’y a pas de choix meilleur qu’un autre, chaque option nous amènera à ta perte…
A 4 mois et demi on me déclenche donc l’accouchement. Je me souviens de ces contractions qui allaient petit à petit faire arrêter de battre ton petit cœur. Aujourd’hui je me suis défaite de cette culpabilité de t’avoir donné la mort, je sais que je t’ai accompagnée avec amour jusqu’au bout de ton petit voyage au creux de moi. Une fois née j’ai ressenti une immense sérénité comme rarement dans ma vie. J’ai pu t’adresser des paroles toutes droites sorties de mon cœur. Ton petit corps tout froid m’a surprise, je crois qu’il y a des choses auxquelles l’on ne peut pas se préparer... Je garde de cet accouchement cet accompagnement juste extraordinaire de notre sage-femme Fabienne. Nous t’avons dit au revoir à la maternité car nous n’avons pas eu la force de t’organiser un enterrement. J’ai demandé à une infirmière avant de partir de prendre bien soin de toi...
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Bébé ange Hanaé née le 22.04.2013 (75 grammes et 15 cm) : quelques mois après la naissance de ta sœur Mai Lan je retombe enceinte mais à 3 mois et demi de grossesse nous apprenons que tu es aussi porteuse de cette maladie génétique… J’accouche de toi 22 jours après le terme présumé de Mai Lan. Tu as pu naitre sans passer par la case bloc opératoire comme pour Mai Lan pour qui j’ai perdu trop de sang pour continuer seule. Tu es venue comme pour m’aider à aller jusqu’au bout des choses, comme une réparation. Tu es née dans la poche des eaux encore intacte ce qui a émerveillé la sage-femme qui s’occupait de nous. Nous avons cette fois-ci eu encore un peu de force pour organiser un enterrement et pour y faire aussi une place à ta sœur Mai Lan. Dorénavant vous avez chacune physiquement une place quelque part où nous pouvons venir nous recueillir.
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Ma deuxième petite étoile qui s’est envolée le 06.11.2013 : je suis une nouvelle fois enceinte mais cette fois-ci connaissant les risques de transmettre cette maladie génétique je te demande de ne pas rester si tu devais toi aussi être malade. Quelques semaines après avoir appris la grossesse je ressens tout à coup que tu ne vis plus. Le gynécologue me confirmera quelques jours plus tard que ton cœur s’est arrêté. Toi seul en connais les raisons mais je sais qu’elles étaient bonnes. Je ne me souviens plus du déroulement de cette interruption de grossesse, uniquement d’une dame qui visitait une autre patiente dans la même chambre que moi et qui m’a demandé ce qui m’était arrivée. Je lui ai rapidement expliqué et elle m’a dit de ne jamais perdre espoir et de continuer à y croire…
Un an plus tard, nous décidons que ce serait notre dernier essai. Notre deuxième garçon pousse son premier cri en août 2015 et j’ai souvent eu l’impression qu’il profite de la vie pour chacune de ses sœurs également. Je pourrais lui servir trois fois du dessert pour que chacun et chacune ait sa part !
Ces épreuves de la vie que je nomme aujourd’hui « expériences » m’ont rendue très triste et j’ai ressenti beaucoup de colère et d’injustice. Avec les années de recul je sais aujourd’hui qu’elles ont été nécessaires pour mon évolution personnelle, notamment spirituelle.Quand je pense à mes anges je ressens de la gratitude pour ce que j’ai aujourd’hui et je sais qu’à tout moment je peux leur demander de l’aide quand j’ai besoin de force… MERCI
« L’écriture, c’est le cœur qui éclate en silence » …
Dehors, tout est calme ; tout est blanc. Les maisons sont illuminées de décorations lumineuses et dans beaucoup de foyers, dont le mien, d’uniques et lumineux sapins de Noël font briller les yeux des petits comme des grands. Habituellement, je suis la première à me réjouir de ce mois ; de cette période que je trouve magique, et pourtant…
Pourtant cette année, tout est différent. Cette année fût éprouvante entre une fausse couche précoce et une grossesse extra utérine. Deux pertes ; qui aux yeux du monde ne sont que peu ou pas reconnues/importantes mais qui pour moi ont été, une véritable douleur tant psychologique que physique.
« Nous sommes en début d’année et depuis quelques mois avec mon mari, nous essayons d’avoir notre deuxième enfant ».
Un jour de janvier, quelque chose se passe en moi ; je le sais, je le sens, je suis enceinte. Même si persuadée de l’être, j’attends tout de même d’avoir un retard de règles. Quelques jours plus tard, celui-ci confirme mon intuition et ma fille vient même à me dire, sans qu’elle ne soit au courant encore de quoi que ce soit : « Maman, tu as un bébé dans le bidou ». Suite à une mauvaise expérience qui me ramène à ma première fausse couche, vécue quelques années plus tôt (et passée sous silence jusqu’à il y a peu) je refuse de faire un test urinaire de grossesse. J’ai la sensation que mon cœur s’arrête lorsque, quelques jours plus tard, je découvre que je saigne légèrement. Je pousse un cri et me mets à pleurer. Mon mari me demande ce qu’il se passe. Je lui montre ; nos regards suffisent, sensation de déjà vécu, nous comprenons de suite qu’il est temps de se rendre aux urgences.
Une fois sur place, nous sommes accueillis par une Doctoresse. Celle-ci me demande ce qui m’amène ; je lui explique. Et là, surprise, elle me regarde et me dit droit dans les yeux : On ne vient pas aux urgences en affirmant être enceinte sans même avoir fait de test de grossesse ; nous avons d’autres priorités. J’insiste pour que l’on me fasse une prise de sang et un examen gynécologique. Enervée, celle-ci finit tout de même par entendre ma demande et fait le nécessaire en me donnant la forte impression que c’est à contre cœur. En attendant les résultats de la prise de sang, elle m’ausculte. Elle est brusque ; répond à plusieurs reprises au téléphone car « il y a des cas plus urgents que le vôtre » tout en me faisant une échographie endovaginale. Je retiens mes larmes face à tant de malveillance. Une fois l’examen terminé, elle soupire et me demande d’aller reprendre place en salle d’attente. Je ne lui parle même plus, je me rhabille, sors de cette salle à l’ambiance froide en me disant à moi-même : « Toi, tu le sais, tu le ressens ».
L’attente ; entourée de femmes enceintes est longue et difficile. J’entends les nouveaux nés pleurer non loin, car oui, la maternité est juste à côté ; sur le même étage.
J’aperçois la gynécologue qui me fait signe. « Suivez-moi, s’il vous plaît ». C’est au coin du couloir que celle-ci m’arrête et me dit « Vous aviez raison, c’est positif (l’importance d’écouter notre intuition) ; mais nous ne pouvons pas nous prononcer maintenant sur l’évolution, au vu des résultats du taux ; il vous faut revenir dans 2 jours pour une nouvelle prise de sang et un contrôle ». A ce moment-là, l’espoir me quitte. Cette phrase, je l’ai déjà entendue, cette sensation, je l’ai déjà connue ; je le sais, je fais une fausse-couche. Celle-ci sera confirmée 48h plus tard. On me demande si cette grossesse était désirée. Dans mon dossier, il est noté que j’allaite encore partiellement; on me dit qu’il est donc préférable d’arrêter car la cause est sûrement due à cela.
Je m’écroule de tristesse, cette nouvelle Doctoresse (à qui il a encore fallu tout réexpliquer) tente de me réconforter mais je ne suis pas très réceptive. Je la remercie tout de même, me lève, prends mes affaires et m’en vais…
Je quitte l’hôpital ; dégoûtée par la prise en charge que je juge d’inhumaine ; et triste de la finalité de cette grossesse. Les jours suivants furent compliqués (personne ne nous prépare réellement à « l’après ») avec des saignements m’empêchant de rester longtemps debout, tant ils sont abondants et douloureux. Les symptômes du début de grossesse s’éteignent à petit feu et nous n’avons que peu de soutien autour de nous.
Après une discussion approfondie avec mon mari, nous décidons ; au vu du fait que nous n’avons pas besoin d’interrompre les essais, médicalement parlant ; de continuer à nous battre pour réussir à avoir ce deuxième enfant ».
Quelques semaines se sont écoulées. Un matin, je me lève et ne me sens pas bien. Ce « pas bien », je le connais, je l’ai ressenti déjà 3 fois ces dernières années. Je n’y crois pas, si rapidement après ma fausse couche, ce serait un « MIRACLE ». J’appelle ma gynécologue qui décide de m’envoyer faire une prise de sang. Le lendemain, je reçois un appel de sa part…le miracle est confirmé !
Au vu de mes antécédents, un suivi rapproché est important et nécessaire dès les premiers symptômes de grossesse. Je me rends au cabinet pour un premier contrôle, la grossesse est si jeune, qu’il « sera normal de ne rien encore voir à l’échographie » me rassure ma gynécologue. Mon endomètre est bien épaissi, tout est rassurant. « Félicitations Madame, vous êtes bel et bien à nouveau enceinte ». La Dresse me prépare une ordonnance avec des vitamines, à prendre jusqu’au dernier mois de grossesse et me demande de revenir dans 48h, pour un contrôle du taux HCG. Tout va bien, le taux monte correctement, je n’ai plus qu’à vivre et savourer ce bonheur. Un tel bonheur que je m’empresse d’aller acheter un doux petit pyjama, afin de faire une surprise à mon mari dans les jours qui suivent.
Les jours passent et nous nous projetons évidemment, à 4. Bébé est prévu pour Décembre. Vient aussi le moment d’annoncer cette nouvelle grossesse à notre fille. Nous lui offrons un livre : « Tchoupi devient grand-frère » et lui expliquons la situation. Sa réaction fut si mignonne. Nous décidons également d’annoncer la bonne nouvelle à quelques rares personnes de notre entourage.
L’échographie de datation est prévue ; nous sommes impatients de poser un premier regard sur ce petit être qui fait déjà partie, quasi intégrante, de notre famille.
La vie a fait que, jamais cette échographie n’aura pu avoir lieu. Du moins, pas du tout dans les conditions imaginées.
Un jour, tout en me rendant à la salle de bain, nous discutons avec mon mari. On échange, on rigole même... Lorsque mon rire fut, stoppé net. Je ne dis plus rien, je me mets à trembler, les larmes sont déjà au bord de mes yeux ; mes yeux qui fixent ce bout de papier wc, plein de traces brunâtres. Des traces qui me sont inconnues, qui ne ressemblent à rien de ce que j’ai déjà vécu. Seul un : « Ce n’est pas possible » s’échappe de ma gorge serrée. Mon mari regarde dans ma direction, pas besoin de parler, nous comprenons instantanément qu’il est à nouveau, encore temps de partir à l’hôpital.
Je décide de prendre une douche avant de partir. Sous celle-ci, je suis prise de très fortes douleurs au niveau du ventre et des reins. Je suis pliée ; je pleure.
Nous arrivons non sans peine aux urgences gynécologiques. On me propose un anti-douleurs pour essayer d’atténuer mes maux. Mon tour arrive, premiers contrôles basiques et prise de sang pour contrôle du taux HCG. Retour en salle d’attente. Environ une heure plus tard, le résultat est là. Pour cause de la pandémie, mon mari ne peut m’accompagner en salle d’examens.
La Dresse m’annonce que mon taux est haut, correspond bien à mon stade de la grossesse et indique également que nous devrions voir bébé à l’échographie aujourd’hui. On me rassure quant aux petits saignements ; « cela peut arriver en début de grossesse ».
Je m’installe pour l’échographie ; mon cœur tape, mes mains tremblent, mes yeux sont rivés sur l’écran. Cet écran qui finalement nous montre un utérus, vide… Instantanément, intérieurement ; tout s’écroule…Je n’ai pas besoin qu’on me le dise, je le sais, je vais encore perdre un bébé. « On a peut-être repris les essais trop vite ; je ne suis plus capable de garder un bébé » voici les pensées culpabilisantes qui m’ont finalement accompagnées lors de ce contrôle (et par la suite).
L’issue est quasi certaine ; la gynécologue me demande de me préparer à une grossesse qui ne pourra pas être menée à terme et de revenir toutes les 48h pour des contrôles puis me rendre aux urgences en cas de grosses douleurs qui reviennent et/ou de saignements abondants. Je rejoins rapidement mon mari en salle d’attente pour lui annoncer la mauvaise nouvelle.
Deux jours plus tard, mon taux a encore augmenté ; il est à 2400. La grossesse est toujours invisible dans mon utérus. Ils peinent à la localiser, puis on me découvre du sang dans le ventre.
Le diagnostic est alors posé, une épée de Damoclès se pose au-dessus de ma tête, je fais une grossesse extra-utérine. Les médecins décident de me laisser ainsi 48h supplémentaires, avant d’envisager un éventuel traitement.
Les 48 heures se sont écoulées et c’est accompagnée de mon mari que je me rends à l’hôpital. Plus besoin de me présenter, les infirmières de l’accueil savent pour quelle raison je suis là. J’enchaîne presque machinalement les mêmes examens, les mêmes gestes…Mon taux est passé de 2400 à 3200 ; le risque d’hémorragie est toujours plus présent vu que mon bébé continue à grandir. Après encore un long et douloureux examen gynécologique, la grossesse est enfin localisée. Celle-ci est située dans ma trompe de Fallope droite, juste à côté de mon ovaire. C’est décidé, je ne rentrerais pas chez moi de suite ; le traitement de Méthotrexate doit m’être administré par injection afin d’arrêter l’évolution de mon bébé au plus vite car… « Si nous ne le faisons pas rapidement et que votre trompe rompt, c’est lui qui risque de vous tuer » m’annonce une doctoresse.
Dans cette salle blanche et froide dans laquelle je vais devoir « tuer mon bébé », je dois m’y rendre seule. L’accès à mon mari étant encore refusé à cause de la pandémie. La procédure du traitement m’est expliquée ainsi que les potentiels effets secondaires.
L’infirmière me demande de m’allonger sur le ventre et me demande « Êtes-vous prête ? »
Je ne lui réponds que d’un rapide signe de tête… mon cœur bat de la tête aux pieds, je sue, je tremble, je me sens terriblement seule dans cette épreuve.
Je suis dans un état second, n’arrivant que partiellement à écouter l’infirmière qui me parle. Je ne fais plus qu’un avec cette petite âme qui est sur le point de s’en aller ; en moi. Je plonge mon visage dans mes mains et parle intérieurement à mon bébé, lui demandant également « Pardon ». Plus je sens le produit s’injecter, plus une sensation intérieure ultra déchirante s’empare de moi. Oui, j’ai mal, dans tous les sens du terme, et je n’étais pas au bout de mes peines…
S’ensuivent dès le lendemain, des effets secondaires forts. Physiquement ; une grande fatigue, des nausées et vomissements violents puis des douleurs à presque en faire des malaises. Psychologiquement, une sensation de vivre un cauchemar éveillé, des angoisses et crises de panique liées notamment à la peur de faire une hémorragie et/ou de mourir. Ma première injection n’ayant pas fait assez diminuer mon taux, je reçois une semaine plus tard, une deuxième dose. Un contrôle par téléphone est prévu à J4 et un autre à l’hôpital à J7. Les effets secondaires continuent.
Le 25 avril, des saignements attendus, arrivent. C’est bon signe ; la deuxième injection est efficace.
Fin avril ; nous sommes un jour avant l’anniversaire de ma fille et je dois obligatoirement aller faire un contrôle dans 24h. Jour décisif afin de savoir si nous attendons naturellement l’expulsion ou si je dois être hospitalisée pour être opérée. Mon cœur de maman est douloureux. Impossible de repousser ce rendez-vous ; le suivi d’une GEU étant très strict. Dans la crainte de ne pouvoir être aux côtés de ma fille en ce jour important ; je lui prépare un joli gâteau. Le jour de sa naissance fut sincèrement le plus beau de toute ma vie ; je suis apeurée à l’idée qu’il puisse également être marqué par la perte de ce bébé.
Le lendemain, les résultats de mon contrôle montrent que nous pouvons laisser les choses se faire de manière naturelle. Mon foie est par contre perturbé, ainsi que mes intestins. Le traitement après interruption de grossesse est donc réadapté. J’ai encore des douleurs et une fatigue immense.
Jusqu’à la fin de la grossesse, l’hémorragie reste possible, j’ai alors pour obligation de rester dans un périmètre proche de l’hôpital. Cette situation est atrocement anxiogène…
4 mai 2021 : comme tous les matins, je suis seule avec ma fille. Je m’occupe d’elle et de la maison et me sens tout à coup, très mal. Je vois des étoiles de partout. Je me mets par terre et par chance, mon téléphone étant dans ma poche ; j’ai pu avertir mon mari de la situation. Celui-ci entreprend de quitter son travail et de rentrer au plus vite. Mon état s’améliore, j’échappe au malaise et explique les choses à ma fille, au cas où, « Maman venait à tomber dans les pommes ».
Je décide d’aller me laver. Ma fille joue dans la salle de bain. Je l’écoute et tente de me détendre. L’eau chaude qui habituellement apaise quelque peu mes maux ne m’apaise en rien. Une forte douleur au niveau des reins me tire de mes pensées…Rapidement, des étoiles réapparaissent ; mon cœur s’emballe, je me sens si mal. Je demande à ma fille si tout va bien et lui demande de rester tranquillement sur le tapis, sans tirer le rideau de douche car, je le sais, le moment tant redouté est arrivé. Je n’ose pas regarder de suite…je me mets à pleurer le plus silencieusement possible afin de ne pas effrayer ma fille. Je sens que « ça pousse ». Je respire et m’appuie du mieux que je peux contre le mur, afin de ne pas tomber. J’aperçois que l’eau est mélangée à du sang mais referme aussitôt les yeux pour quelques secondes. Je me décide ensuite à regarder délicatement ce qu’il se passe...c’est à cet instant précis, que j’ai évacué ma grossesse. Je me laisse tomber dans la baignoire, fatiguée et terriblement attristée…au creux de mes mains se trouve celui qui pour moi était, mon bébé. Je ne peux retenir quelques cris et pleurs et le cache délicatement tout contre mon cœur, afin que ma fille ne voit rien. Je lui explique avec des mots adaptés que « le bébé est parti » et la rassure sur mon état. Du haut de ses 3 ans, c’est elle qui a pu aller me chercher le téléphone, afin que j’appelle mon mari.
Je sors rapidement de la douche et appelle urgemment l’hôpital qui me demande de venir au plus vite et d’amener ce que j’ai évacué avec moi ; en l’emballant soigneusement dans un papier d’aluminium. Finalement, selon la Doctoresse présente ce jour-là, cela ne vaut plus la peine d’envoyer le tout en analyses car il a trop refroidi et changé de couleur. Celle-ci prend le tout, et sous mes yeux, dans un geste qui lui semble si habituel, le jette à la poubelle. Le rendez-vous s’achève ainsi. Mon taux HCG est encore à 340 et mon suivi ne s’arrêtera que lorsque je serais négative soit, en dessous de, 5.
C’est finalement en fin Mai que se terminera définitivement ma grossesse extra-utérine ; après encore plusieurs aller-retours aux urgences pour cause de saignements abondants et de douleurs à ne plus pouvoir marcher. C’est sans que l’on se préoccupe de mon état psychique, que l’on m’annonce que ça y’est « cette fois, vous n’avez plus besoin de revenir et vous devez obligatoirement attendre trois mois avant de reprendre vos essais bébé ».
Les jours sont passés et notre souffrance était bien présente. Je dis notre car OUI, TOUTE ma petite famille a été impactée par ce deuil, à faire. Nos semaines étaient surtout rythmées entre la tristesse et les « ça aurait pu être pire ; montre toi plus forte que ça ; il y a pire et si vraiment vous n’y arrivez pas, tu as déjà un enfant ; on a tous des difficultés ; tes émotions sont exagérées pour un si petit embryon et j’en passe ; de la majorité des personnes à qui nous en avons parlé ; y compris, parfois, de par l’entourage familial. Alors ; on se raccroche aux quelques, très rares personnes, faisant preuve de respect pour ce que nous vivons. Parmi ces personnes, j’ai été très touchée par une rencontre en particulier ; il s’agit de celle avec Joëlle . « Jo’ailes » de son nom professionnel, est Accompagnante à la Métamorphose et Doula. Au fil des mois, c’est dans un cadre bienveillant et de confiance, que j’ai réussi et pu lui confier une très grande partie de mon histoire, de qui je suis, ainsi que ma douleur liée à l’arrêt de ma fausse-couche et grossesse extra-utérine. Elle a été d’une écoute et d’un soutien absolument unique, dans les bons comme moins bons instants ; l’est encore aujourd’hui et le sera très certainement pour une suite d’accompagnement, qui je l’espère, sera des plus heureuses.
A ce jour, je suis encore vraiment touchée et révoltée, de voir à quel point, qu’il s’agisse d’une fausse-couche précoce, d’une grossesse extra-utérine, d’une interruption médicale de grossesse ; volontaire ou non ; à quel point notre peine est minimisée. Sortir du silence m’est devenu vital pour pouvoir continuer à avancer sur plusieurs pans de ma vie et je tiens également à faire partie de cette vague qui est là pour aider à ce que le tabou du deuil périnatal soit toujours plus brisé. J’espère sincèrement, à travers mon histoire, pouvoir aider d’autres personnes ayant traversé une épreuve similaire ou la vivant actuellement à se sentir moins seuls et je les encourage à oser demander de l’aide car OUI, ces petites « âmes, étoiles, vies » ont existés, ont comptés et nous marquent/changent à tout jamais. Nous n’avons pas besoin en tant que Pa’ranges que notre douleur soit comprise mais simplement entendue et respectée.
« La peine ne se mesure pas au nombre de semaines ou au vécu d’un bébé mais à la grandeur du rêve que portaient en eux ses parents ».
Merci du fond du cœur à mon mari, ma gynécologue, Joëlle et Marie pour leur précieux soutien qui restera gravé dans mon cœur mais aussi :
A mes étoiles …
Mes trois étoiles filantes envolées
en Avril 2017, Février et Mai 2021.
Aujourd’hui, c’est du plus profond de mon cœur
que je tiens à vous remercier d’avoir été de passage dans ma vie.
Sans ce que nous avons vécu ensemble,
jamais je n’en serais là où j’en suis, actuellement.
Vous m’avez permis d’évoluer et de me rendre compte
de certaines précieuses choses.
A ce jour, je me sens chanceuse d’être votre Mam’ange
et fière d’oser parler de vous ; comme il se doit…
Vous étiez tous désirés ; vous avez tous comptés.
Pour toujours et à jamais ; dans mon cœur.
« Pas de hasard, que des rendez-vous »
Cette fois, je vous le dis vraiment ; aurevoir mes bébés.
Une Mam’ange parmi tant d’autres
Témoignage pour le 15 Octobre
Journée du deuil périnatal
Vidaly, Maman de Charles
Apprendre à faire avec...
Apprendre à vivre sans....
Brisons les tabous ! Car ça n'arrive pas qu'aux autres
La mort d'un enfant
Ca arrive bien plus souvent que ce qu'il n'y parait et on devrait se sentir libre de pouvoir en parler librement.
Parfois je ressens dans vos regards/comportements, une gêne. C'est normal, ce n'est pas un sujet facile à aborder. Transformez votre gêne en courage et venez aborder ce sujet. Et si les mots vous manque, c'est OK, prenez moi dans vos bras plutôt que de dire des choses déplacées.
En parlant de commentaire déplacé, voici une petite liste de commentaire * A NE PAS FAIRE*
« Bon t’es jeune, et en bonne santé, tu pourras en avoir d’autres »
Oui merci, on parle pas d’un objet que j’ai cassé et que je peux aller racheté. On parle de mon BÉBÉ, mon précieux Bébé.
« bon! heureusement tu as déjà un enfant en bonne santé avant, donc tu sais que si tu veux en avoir un 2e, il y aura pas trop de soucis»
haaaaa voilà ! Je sais pas comment cette phrase est sensée me rassurer.... de plus, on parle d’un 3e enfants! Car j’en ai déjà 2! Même si l’un d’eux est mort. Merci de vous en rappeler.
« Ça passera, tu oublieras »
Non! Juste non!
« Ha merde! Comment va ta femme?»
Et les papas? Il compte pour du beurre? Malgré leur carapace, ils vivent le même traumas que les mamans.
...La liste est tellement longue...
En pensées avec toutes les personnes que j’ai rencontré ces 2 derniers mois qui ont vécu cette perte, cette tragique nouvelle, cette décision qu’on aimerait ne jamais avoir à prendre ... à vos petites étoiles et à la mienne Charles.
Dessins de Vidaly